Documentaires

Jean Benoit-Lévy a réalisé plus de quatre cents documentaires.

En 1922, Jean Benoit-Lévy créé sa maison de production, l'Edition Française Cinématographique, pour réaliser Pasteur, le film du centenaire. Il entame ainsi une longue série de documentaires, la plupart sur commande de ministères : les Ministères de l'Agriculture, de l'Instruction publique, de l'Armée ou encore le Ministère de la Santé, des Loisirs, de l'Urbanisme etc... Films éducatifs et films de commande ont en commun de servir la cause pédagogique que Jean Benoit-Lévy souhaite promouvoir à travers ses films. Le travail de localisation de chaque film est toujours en cours, cependant un grand nombre se trouve aux Archives du Films.

Jean Benoit-Lévy préface son catalogue de films d'enseignement et d'éducation ainsi:

"Les films d'enseignement et d'éducation, parfois confondus parce qu'ils poursuivent tous deux un but d'utilité, se différencient profondément et par leur objet, et par le public auquel ils s'adressent. Certes, tous deux enseignent, c'est-à-dire qu'ils apportent aux esprits des connaissances nouvelles. Les premiers enseignent la vie du monde extérieur par des images d'une précision scientifique. Destinés aux élèves des écoles, ils doivent s'accompagner d'un commentaire oral du maître et constituent un moyen d'enseignement inappréciable. Ils doivent être étudiés, réalisés, strictement pour l'école, être l'outil du pédagogue dans un but pédagogique. Ils sont donc conçus et réalisés spécialement pour chaque ordre d'enseignement auquel ils sont destinés. Ils doivent être clairs, compréhensibles et marquer l'expression sincère de la vie et de la vérité. Ils seront très détaillés quand ils traiteront à fond quand ils traiteront à fond d'une question d'enseignement technique, par exemple, plus ramassés, plus synthétiques pour l'enseignement primaire.

Les films d'éducation nous enseignent notre propre vie selon un idéal d'hygiène et ou de morale. Destinés à la masse, ils peuvent s'accompagner de conférences ou de causeries précédant ou suivant leurs images. Les films d'enseignement étudient tout l'univers extérieur pour notre connaissance scientifique, les films d'éducation étudient nos propres rapports vis-à-vis de cet univers, pour notre bien physique et moral. Tous deux ayant le but grandiose d'enseigner, se différencient nettement du fil dramatique dont le seul but est de distraire. Cela ne veut pas dire qu'ils sont tous deux dépourvus d'émotion. Le film d'enseignement bien compris doit et peut se composer d'images claires et belles qui procurent une satisfaction à la fois esthétique et intellectuelle. J'affirme avoir entendu des enfants applaudir spontanément une image d'éprouvette qui leur montrait clairement la belle réaction chimique de deux corps: la clarté intellectuelle et la satisfaction visuelle aboutissait à une plénitude de joie. Ils frémissaient devant cette manifestation de vie.

Il faut, certes, éviter le danger de confondre le film d'enseignement pur avec le film documentaire, ce dernier n'étant qu'un succédané du premier mais, le documentaire étant une sorte d'enseignement vulgarisé à l'usage du grand public, forme un trait d'union entre le film dramatique et le film d'enseignement proprement dit, et faire ressortir toutes les qualités émotives et pathétiques que peuvent contenir des images d'enseignement. Ainsi, le petit cinéma populaire qui affiche de bonne foi: "cette semaine, grand drame sensationnel", ne se doute pas que le petit documentaire qui image le drame du bois vivant devenant papier par l'industrie humaine est plus sensationnel que les aventures rocambolesques d'(une princesse imaginaire qui met cinq bobines de pellicules pour se mésallier selon les exigences de son coeur. Et le public ne s'y trompe pas toujours.

Je rêve d'un drame grandiose qui serait composé uniquement avec des images extraites de films d'enseignement: l'homme construit des machines géantes qui soumettent à sa puissance la matière, tandis qu'un microbe invisible à l'oeil nu, à peine visible à l'oeil du microscope, sape l'organisme humain jusqu'à la mort. Et si nous rendions ce film sonore, le silence du travail du microbe serait plus assourdissant à nos oreilles humaines, que le fracas des machines. Cela ne serait pas un film d'enseignement, certes, mais simplement tout le drame et toute la poésie qu'on peut extraire de ces films en plus et à côtés de leur fonction primordiale d'enseignement. Le film d'éducation a des rapports plus étroits encore avec le film dramatique, puisqu'il doit parfois se confondre avec lui et emprunter à ce dernier toutes ses qualités pour agir avec plus d'efficacité. Il se subdivise nettement en deux genres distincts: le film d'(éducation destiné à illustrer une conférence et visant surtout à être clairement compris, et le film d'éducation destiné aux salles populaires, visant surtout à émouvoir. Dans les premiers, l'éducation est surtout intellectuelle, dans les seconds, elle est surtout sentimentale. Si toutefois, il est possible de séparer aussi nettement l'esprit et le coeur. Le film "La Futur Maman", que j'ai réalisé avec mon maître,le Professeur Devraigne, par exemple, dont le seul but est de faire comprendre aux femmes comment il faut soigner un nourrisson pour lui épargner la maladie, ne peut laisser en même temps leur sensibilité indifférente.

On peut dire cependant, que certains films d'éducation pour salle de conférence, ont pour agent principal de propagande la compréhension, tandis que l'émotion est le facteur essentielle de certains autres. Ceux-ci sont destinés à celui que les Anglais dénomment si justement "L'homme de la rue", cet homme égoïste, dur, pressé, comme tous les hommes, bousculé par le trafic de la vie, et bousculant les autres.Il entre dans une salle de spectacle, pour se distraire et non pour s'éduquer et s'instruire. Mais cet homme de la rue a un coeur. Le coeur de tous les hommes qu'il croise dans la rue, un coeur humain. Ce coeur, il s'agit de l'émouvoir pour l'éduquer. Tel a été l'unique but d'"Ames d'enfants", de "Peau de Pêche", de "Maternité". Ce sont des films dramatiques mais basés sur une idée à la fois émotive et éducative. Il n'apporte rien aux hommes que ceux-ci ne possèdent déjà en eux-mêmes. Ils ne font qu'exalter les bons instincts en puissance dans la foule. Il suffit que le film fasse jaillir cet instinct pour émouvoir l'humanité, il faut et il suffit que le film soit lui-même chargé d'humanité. Grâce à l'appui de maîtres éminents, j'ai pu mettre en application les idées que j'ai essayé d'exprimer plus haut et réaliser les films que je présente dans ce recueil." Jean Benoit-Lévy


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